“ Quelque chose me relie au Québec, l’une des deux patries de Starmania ” Thomas Jolly

Pourquoi venir à C2 Montréal, le festival des industries créatives le plus emblématique d’Amérique du Nord ?

Venir à C2 Montréal, c’est d’abord pour moi l’occasion d’échanger, de faire des rencontres dans le domaine des industries créatives, de m’inspirer de démarches innovantes dans le monde. En ce qui concerne la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, il est important pour moi de pouvoir partager cette expérience extraordinaire, d’entendre toutes les questions, et de trouver les mots pour pouvoir y répondre. Je n’ai pas encore pleinement embrassé tout ce qui s’est passé !

J’ai souhaité partager avec ce public créatif comment j’ai conçu la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Par ce spectacle vivant j’ai voulu créer unereprésentation de ce que nous sommes, de ce qu’est la société française aujourd’hui. Comme une photo instantanée de la société. Les Jeux olympiques comportaient à l’origine des épreuves sportives et artistiques. La culture et le sport étaient les deux piliers de la société antique, indispensables à son bon fonctionnement et à sa réussite. Je pense qu’ils sont toujours absolument nécessaires et indissociables des Jeux olympiques aujourd’hui également.

Durant la conférence, vous avez beaucoup parlé de revisiter le patrimoine français à travers cette cérémonie d’ouverture des JOP 2024. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Thomas Jolly :  la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 a été l’occasion d’oser une représentation revisitée du patrimoine français. Avec des temps forts comme l’interprétation de La Marseillaise par Axelle Saint-Cirel, chanteuse lyrique guadeloupéenne, rompant avec les codes traditionnels. Une petite fille m’a dit « elle a les cheveux comme moi », cela m’a beaucoup touché.

Pour moi, ce besoin d’être ensemble, d’être au même endroit, en même temps et de se raconter des histoires, c’est « faire société ».  C’est ce que j’ai essayé de réaliser au travers de cet événement exceptionnel.

Avez-vous un lien particulier avec Montréal?

Oui, quelque chose me relie au Québec et à Montréal : est-ce parce que je suis du Nord puisque Normand (sourire) ? Mais aussi parce que le Québec est l’une des deux patries de Starmania. J’ai eu la chance de mettre en scène cette œuvre magnifique. Je n’avais jamais fait de comédie musicale et cela m’a beaucoup intéressé. Je me suis attaché à « nettoyer » cette œuvre sans changer le sens afin de mettre en évidence le message de ce spectacle : notre humanité en péril.

Quand il s’est agi de trouver une « marraine » à la cérémonie d’ouverture des JO, c’était sans hésiter Céline Dion. C’était une évidence. Il n’y avait qu’elle, ou bien une bande son. Pas de plan B. Nous avons pris beaucoup de risques car nous n’avons eu son accord que 15 jours avant la date de la cérémonie. Et peu de temps pour répéter. Elle a fait ses répétitions au 1^er étage de la Tour Eiffel et en bas au Trocadéro pour assurer le spectacle en cas de pluie. Mais elle nous a dit tout de suite : « ce sera là-haut ! » L’Hymne à l’Amour d’Edith Piaf interprété magistralement par Céline Dion nous a tous émus aux larmes, et la pluie rendait sa performance d’artiste encore plus magistrale et iconique. Nous sentions les « vibes » très fortes venant du monde entier. C’était un moment extatique, hors du temps.

Si vous aviez un conseil à donner aux organisateurs de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Los Angeles 2028, ce serait lequel ?

A mon sens, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’un pays, est une photographie instantanée de ce qui constitue le pays hôte : son histoire, ses valeurs, ses gens, ce en quoi il croit. En France, nous sommes un modèle républicain : c’est ce que j’ai souhaité mettre en scène. Les Américains, qui seront-ils en 2028 ?  C’est la toute la question …

* Interview réalisée le 21 mai 2025 lors de C2 Montréal par Delphine Beer-Gabel, représentante de C2 en France.