13 novembre 2025
Temps de lecture : 4 min
Meet In. OC Sport est la branche événementielle du groupe Télégramme. Quelle est la genèse de cette filiale au sein d’un groupe historiquement médiatique ?
Joseph Bizard. Le Télégramme est un groupe régional ancré à Morlaix, doté d’une vraie culture d’innovation. Il a pressenti très tôt que la presse ne pourrait plus, seule, assurer la rentabilité d’un groupe de médias. Il y a vingt-cinq ans, il a donc initié une stratégie de diversification autour de deux axes, celui de l’emploi, avec le rachat de RégionJob devenu HelloWork, et celui du sport, via la voile. Cette orientation s’est concrétisée par le rachat de Pen Duick à Éric Tabarly, puis d’Offshore Challenges à Ellen MacArthur. Ces deux entités ont fusionné pour donner naissance à OC Sport, devenu le pôle événementiel du groupe Télégramme. Le nom vient d’ailleurs d’« Offshore Challenges », même si, aujourd’hui, il symbolise surtout notre attachement à la mer et au dépassement.
Quels sont aujourd’hui vos principaux champs d’activité ?
Le groupe s’organise autour de deux grands pôles, bientôt trois. D’un côté, l’endurance avec la course à pied, le triathlon et le vélo, soit quinze événements et plus de 100 000 dossards par an. Parmi eux, le marathon de Genève, premier marathon de Suisse, celui de Nantes, parmi les plus fréquentés en France, ou encore le marathon de la Côte d’Amour entre La Baule et Le Croisic, qui s’est imposé dès sa première édition parmi les grands rendez-vous français.
De l’autre côté, nous avons l’activité historique liée à la course au large avec six grandes épreuves, dont la Route du Rhum, la Transat CIC, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec, le Tour de Bretagne ou encore l’Arkéa Ultim Challenge. À l’exception du Vendée Globe et de la Transat Jacques-Vabre, nous sommes donc présents sur l’ensemble des grands formats.
Comment s’articule votre lien avec le groupe Télégramme et, plus largement, avec les médias ?
Le Télégramme reste partenaire de tous nos événements à travers la presse quotidienne régionale. Nous travaillons par ailleurs en miroir avec Ouest-France afin de garantir une couverture complète sur nos territoires. Ce partenariat inédit entre deux titres historiquement concurrents nous permet d’assurer une visibilité équilibrée entre Finistère, Bretagne Sud et Pays de la Loire. Nous collaborons également avec la presse nationale, notamment Le Figaro, pour certaines épreuves comme la Solitaire. C’est un écosystème vertueux où chaque média trouve sa place.
De nombreux groupes de presse développent aujourd’hui leurs activités événementielles. En quoi votre modèle se distingue-t-il ?
OC Sport est avant tout un producteur d’événements propriétaires. Nous concevons, finançons et exploitons nos formats de A à Z. Ce n’est pas de la production exécutive, mais une logique industrielle. Nous travaillons avec des partenaires et des sponsors qui trouvent dans nos événements un moyen fort de se raconter. C’est aussi une manière pour le groupe Télégramme de prolonger la relation avec ses annonceurs. Ainsi, ces derniers s’expriment dans les pages du journal, mais aussi sur le terrain, à travers des expériences vivantes.
Les médias ont toujours été créateurs d’événements. La Solitaire du Figaro, inventée il y a cinquante ans, était déjà une manière de raconter autrement l’aventure et l’humain. Aujourd’hui, ce ne sont plus les lecteurs qui achètent cette histoire, mais les marques, qui veulent l’incarner auprès de leurs publics. C’est une évolution logique du rôle du média.
Travaillez-vous également pour des annonceurs tiers, au-delà de vos propres épreuves ?
C’est marginal, mais croissant. Nous avons une vraie expertise dans la conception et la production intégrale d’événements. Nous l’avons mise à profit pour des institutions comme l’OMS ou certaines villes suisses. Cette compétence 360 – logistique, hospitalité, marketing, village – peut être mise au service d’autres acteurs. Nous savons par exemple déployer 70 000 m² de village pour la Route du Rhum, ce qui en fait l’un des plus grands rassemblements populaires en France. Cette maîtrise, nous pouvons la proposer à des marques ou des collectivités pour leurs propres projets.
Vos grands événements s’appuient sur des marques partenaires et des agences. Comment s’organise cette collaboration ?
Nous internalisons de plus en plus la production, mais nous travaillons encore avec des agences, notamment pour la recherche de sponsors. Les marques ont profondément changé leur manière d’exister sur les événements. Elles ne se contentent plus d’un logo sur une voile ou d’une banderole, elles créent de véritables expériences de marque.
Sur la Route du Rhum, on compte plus de 120 bateaux sponsorisés, et chaque marque déploie des dispositifs expérientiels très sophistiqués pour interagir avec les visiteurs. C’est un changement de paradigme avec le village qui devient un lieu de brand experience plus que de simple visibilité.
Vous évoquiez une logique d’« hybridation ». Qu’entendez-vous par là ?
OC Sport se veut aujourd’hui un acteur de l’entertainment au sens large, et non plus seulement du sport. Les épreuves de voile comme la Route du Rhum sont autant des compétitions que des festivals populaires. En 2022, nous avons accueilli 1,5 million de visiteurs à Saint-Malo, avec concerts, illuminations, gradins, parcours immersifs. L’objectif est de créer des expériences globales où le sport devient le prétexte d’un rassemblement collectif et festif. Cette hybridation entre performance, culture et convivialité répond à une attente croissante du public depuis la pandémie.
OC Sport revendique aussi un engagement RSE ancien. Comment se traduit-il concrètement ?
Notre histoire se déroule dans des environnements naturels exceptionnels, que ce soit la mer, la montagne, et plus largement la nature, que nous devons protéger. Dès 2014, bien avant que ce ne soit la norme, nous avons formalisé une stratégie baptisée « Racing for the Planet », fondée sur la réduction de notre empreinte carbone et la sensibilisation à la biodiversité.
Nous travaillons aujourd’hui sur les trois scopes d’émissions, sur la limitation des déplacements, la mutualisation logistique, la sobriété énergétique des villages et la gestion raisonnée des flux de spectateurs. La conviction est partagée par toute l’équipe qu’il nous préserver les territoires sur lesquels nous organisons nos événements. C’est aussi le meilleur moyen de garantir leur avenir.
Pour conclure, comment définiriez-vous la philosophie d’OC Sport ?
Nous sommes convaincus que le sport est un langage universel d’émotion et de lien. Il permet aux marques, aux territoires et aux médias de se raconter différemment, à travers des expériences partagées. Notre rôle est de créer ces moments où la performance rencontre l’humain, et où l’événement devient plus qu’un spectacle mais une véritable histoire vécue.
Plus d’infos sur : www.ocsport.com/fr
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