11 décembre 2025

Temps de lecture : 3 min

« Le conseil est redevenu pleinement acteur, les entreprises ne sont plus dans l’attente »

Au lendemain de la remise du Grand Prix Syntec Conseil, échange avec David Mahé, le président de l'organisation professionnelle. L'occasion de revenir avec lui sur la 6e édition de l'événement et sur les enjeux du secteur conseil.

Que retenez-vous du palmarès de la 6e édition du Grand Prix Syntec Conseil qui s’est déroulé le 24 novembre dernier ?

Ce qui m’a frappé, c’est d’abord la mobilisation de toute la profession. L’événement s’installe clairement comme un rendez-vous incontournable du conseil et des études, et j’en suis ravi. Ensuite, je retiendrais l’énergie des équipes. Consultants comme clients sont venus avec une envie manifeste de montrer leur travail, et cette “communion” entre les deux parties reflète très bien la nature profonde de nos métiers. Enfin, cette édition confirme que les cabinets de conseil se trouvent à la pointe des transformations.  C’est le cas qu’il s’agisse des évolutions technologiques, d’usages clients, de productivité, ou encore de transformations publiques comme privées. Le palmarès illustre la capacité du secteur à générer un impact positif très concret sur l’économie et les organisations.

L’exemple du projet primé mené au ministère de l’Éducation nationale est très révélateur : accompagner un système de candidatures totalement repensé, rendre les offres plus lisibles, augmenter le flux de postulants… À l’heure où l’on manque d’enseignants, ce type de mission montre qu’un cabinet de conseil peut contribuer directement à la résolution d’un problème structurel et sociétal. C’est, selon moi, l’une des démonstrations les plus fortes de cette dernière édition.

Le secteur du conseil reste-t-il attractif pour les jeunes talents ?

Oui, le métier attire toujours autant. Le conseil reste un “quatrième cycle” qui permet d’apprendre vite, d’être exposé très tôt à des décideurs de haut niveau et de travailler sur des sujets qui transforment réellement les organisations. Les jeunes y trouvent de la formation, de la montée en compétence, mais aussi un terrain où construire une carrière et une qualité de vie. Et cela vaut pour les jeunes diplômés comme pour des profils plus expérimentés en reconversion ou en spécialisation métier.

Un an après notre dernier échange, diriez-vous que l’attentisme des entreprises a reculé ?

Oui, nettement. L’an dernier, le contexte politique avait créé une forme de sidération. Aujourd’hui, les entreprises sont toujours exaspérées, mais elles n’attendent plus grand chose de la politique pour avancer. Elles travaillent, innovent, investissent. Malgré une situation géopolitique en constante mutation et une instabilité budgétaire latente, l’économie tient. Et les cabinets de conseil n’ont plus affaire à des clients paralysés. Désormais, les entrepreneurs prennent leurs décisions et construisent leur futur, indépendamment du climat institutionnel.

Les sujets de transformation restent-ils prédominants ?

Oui, parce que la vie continue, quelles que soient les turbulences. Les questions d’énergie, de productivité, de rapport au travail, les tensions avec la Chine, les nouvelles attentes des salariés, etc., tout cela influence durablement les organisations. Et ces sujets sont au cœur des missions confiées aux cabinets de conseil. Les projets présentés lors de notre Grand Prix en sont la preuve, qu’il s’agisse de monnaie numérique, de gestion des déchets, de fluidité aux frontières ou encore de services publics numériques. Les entreprises comme les acteurs publics n’arrêtent pas d’innover.

Les attentes en matière d’impact et de responsabilité se renforcent-elles ?

Oui, et il n’y a aucun recul. L’empreinte carbone, l’énergie, la relation avec les parties prenantes restent des sujets majeurs pour les clients. En 2025, certains décideurs ont hésité, ce qui est compréhensible. Mais les projets stratégiques qui permettent d’ajuster les modèles ou d’engager la transformation sont d’actualité. Les entreprises veulent mesurer leur impact, structurer leurs démarches et répondre à une demande sociétale forte

L’IA change-t-elle la valeur du conseil ?

L’IA est désormais un outil de travail essentiel, mais le conseil ne se réduit pas à la collecte ou au traitement de données. Nos métiers consistent à analyser, formuler des scénarios, accompagner les transformations et mobiliser les équipes. L’IA exige de nouvelles compétences, mais elle ne remplace ni les soft skills, ni l’intelligence humaine. Dans un contexte où les savoirs deviennent rapidement obsolètes, la formation continue est essentielle. Les cabinets sont, par nature, des organisations apprenantes. J’en veux notamment pour preuve la transmission – le compagnonnage – qui reste un pilier central du métier.

Pour terminer, qu’en est-il du contrat social, un sujet qui vous est cher ?

Oui, c’est en effet une question essentielle. Nous voulons être exemplaires en matière de gestion des carrières, en travaillant à mieux intégrer les seniors, en inventant des trajectoires professionnelles adaptées et progressant collectivement sur l’inclusion et la diversité. Le secteur doit être à la hauteur de la promesse employeur qu’il porte. C’est un enjeu à la fois éthique et d’avenir pour toute la profession.

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