3 juillet 2025

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Et vogue (plus loin) le navire

En cette semaine caniculaire, prenons le large et partons sur les flots, d’un point de vue événementiel bien entendu. Le week-end dernier, le mariage de Jeff Bezos et Lauren Sanchez à Venise a braqué tous les regards mais aussi les commentaires. En choisissant la Cité des Doges pour ses noces, le patron d’Amazon s’est exposé aux critiques de celles et ceux qui fustigent cette “privatisation” de la ville au bénéfice d’une élite, ainsi que l'aberration écologique du défilé de jets privés et autres yachts sur un territoire écologiquement très fragile. 

En bon Américain pour qui la philanthropie adoucit les consciences, Jeff Bezos a fait don de 3 millions d’euros à une association de protection de la lagune. Du côté des autorités locales, on estime que ces festivités ont généré 28,4 millions d’euros de dépenses directes et l’équivalent de 895 millions en termes de visibilité médiatique, un chiffre néanmoins difficilement vérifiable. Quoi qu’il en soit, ces sommes sont considérables et sont âprement défendues par le maire de Venise et le président de la Vénétie, tout comme le ministère du tourisme italien qui plaide pour un tourisme haut de gamme. Surtourisme et afflux des croisiéristes sont notamment sur la sellette, même si les très grands navires de croisière ne sont plus autorisés à entrer dans le bassin et les grands canaux vénitiens depuis 2021. 

Quittons la mer Adriatique pour rejoindre la Méditerranée. Ici, c’est Cannes qui vient d’annoncer qu’à partir de 2026 la ville n’accueillera plus qu’un seul gros paquebot en escale et privilégiera désormais les navires d’une jauge maximale de 1 300 personnes. Des restrictions qui devraient réduire de 50% le nombre d’escales de très gros porteurs. Au nom de la démocratisation du tourisme, les compagnies de croisières s’indignent, quand, du côté de la mairie cannoise, ont se dit soucieux d’accueillir des bateaux “plus esthétiques et respectueux de l’environnement”. Et cela tombe bien, puisque les plus petits navires abritent des passagers à plus fort pouvoir d’achat que les monstres marins dont le business model mise sur le volume. Comme le dit très justement ma consoeur Linda Laîné, la rédactrice en chef de L’Echo touristique autrice d’un excellent ouvrage sur le surtourisme* “vouloir mieux répartir les flux dans le temps et dans l’espace, pour trouver le bon équilibre, c’est justement un signe de maturité.” C’est aussi le signe d’une évolution vers un tourisme plus sélectif, plus durable, et – osons le dire – plus rentable.

* Voyage au pays du surtourisme aux éditions de l’Aube  

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