16 septembre 2025

Temps de lecture : 4 min

Concentration dans le secteur des traiteurs avec le rachat de Food Comedy par le groupe Butard Paris 

Le groupe Butard Paris entre dans une nouvelle ère. Entre identité revisitée pour la marque Butard Esnescot et acquisition stratégique, le groupe de gastronomie événementielle affirme ses ambitions.

Rencontre avec le président du groupe familial, Dominique Paul, qui revient pour Meet In sur l’arrivée de Food Comedy et les défis d’un secteur en pleine mutation.

Vous venez d’annoncer une nouvelle identité pour Butard Enescot. Pourquoi ce choix maintenant ?

Nous sommes habituellement plutôt discrets chez Butard Enescot, nous travaillons dans notre couloir. Mais il nous a semblé qu’il y avait cette fois de vraies choses à raconter. Après un cycle de restructuration post-Covid, le groupe a retrouvé sa taille et son énergie d’antan avec près de 35 millions d’euros de chiffre d’affaires, 150 collaborateurs, et la gestion exclusive de deux sites parisiens, le Pavillon d’Armenonville et l’Hôtel le Marois. C’était le bon moment pour partager notre vision, au travers d’un nouveau logo notamment, mais nous voulions aussi changer de regard sur notre métier, ajouter de la poésie et une pointe d’espièglerie à la gastronomie événementielle. D’où la baseline « Instant poétique » et une série de visuels en trompe-l’œil. Cette intention irrigue tout notre univers avec une carte revisitée, des tenues repensées, de nouvelles scénographies de buffets, et même des éléments de langage retravaillés pour réhumaniser l’accueil. Ce lien s’était abîmé pendant le Covid, aussi nous voulons le réinstaller.

Dans le même temps, vous annoncez l’acquisition de Food Comedy. Pourquoi cette opération ?

Nous cherchions à créer un attelage complémentaire. Food Comedy a un positionnement et une programmation très différents des nôtres avec une cuisine déstructurée, hautement scénarisée, thématisée et ultra-personnalisée, pensée pour être instagrammable et servir directement la communication du client. Là où Butard Enescot restaure et accompagne un moment de communication, Food Comedy devient un outil de communication pour la marque.

« Avec Food Comedy, nous élargissons notre palette sans renier notre identité »

Qui a été à l’initiative de ce rapprochement ?

Notre groupe a toujours combiné croissance organique et croissance externe. L’histoire de Butard Enescot est elle-même faite de rapprochements. Nous avons rencontré Mélaine le Brun, la dirigeante de Food Comedy, par l’entremise d’un client. Food Comedy a connu une forte croissance, notamment depuis le Covid, avec de très beaux succès comme l’accompagnement d’Adidas durant les JO de Paris 2024. La marque a réalisé 4,5 millions de chiffre d’affaires en 2024, c’est un beau succès. Mais, comme souvent pour les structures agiles, il lui fallait un partenaire pour franchir un cap et obtenir des moyens, des certifications, l’accès à de nouveaux marchés. De notre côté, nous voulions élargir la palette de services sans renier notre cœur de métier. La rencontre a donc été évidente. Les équipes de Food Comedy nous rejoignent à Colombes et produiront dans notre laboratoire, mais dans un espace dédié. L’ADN de la marque est préservé avec son autonomie commerciale, et sa liberté de création et de production. Bien sûr, nous créerons des synergies là où cela a du sens – l’idée est que 1 plus 1 fasse 3 – mais sans dilution.

Quelles différences majeures voyez-vous entre vos deux offres ?

Butard Enescot, c’est l’amplitude et la maîtrise des formats conventionnels du traiteur – de la convention au dîner de gala, en passant par les grands événements sportifs et culturels. Nous travaillons les cocktails, les dîners assis, les pièces sucrées et salées. Food Comedy propose, lui, des formats déstructurés, des bouchées généreuses, des décors et scénographies très marqués, une forte personnalisation. Leur clientèle est tournée vers les lancements de produits ou de films, la cosmétique, le cinéma, et beaucoup d’événements internes. C’est un pas de côté créatif qui complète notre tradition.

Comment se présente la fin d’année pour la profession et pour votre groupe ?

Vendredi dernier, nous avons fait un tour de table des dernières tendances avec nos amis des TEP, les Traiteurs Evénementiels Parisiens. La tendance partagée par tout le monde, c’est que le dernier quadrimestre a l’air plutôt standard, il n’y a pas de catastrophisme, mais il n’y a pas de grand enthousiasme non plus. On observe quelques reports liés aux mouvements sociaux, mais peu d’annulations. Chez nous, novembre sera très chargé avec notamment Paris Photo et la prise en charge de toute l’offre de restauration – de l’inauguration aux lounges – l’Open de France de golf à Saint-Nom-la-Bretèche, ou encore de belles opérations à Versailles et au Palais des Congrès. Septembre a été solide avec notamment la REF du Medef à Roland-Garros. Notre objectif est de combler le retard du début d’année., et la tendance est plutôt optimiste jusqu’en janvier.

Voyez-vous évoluer la relation avec les annonceurs corporate ?

Chez nous, la répartition reste stable : environ 25 à 30 % du chiffre via les agences, le reste en direct corporate. En revanche, nous observons le retour de certaines mauvaises habitudes, à savoir le last minute massif, des briefs insuffisamment qualifiés, souvent confiés à des profils juniors, et une guerre des prix relancée par le dumping entre traiteurs. Pendant le Covid, la profession avait réussi à cadrer les choses avec des chartes de bonnes pratiques. Mais le turn-over et la reprise ont érodé ces acquis. Il faut donc se remobiliser.

Un dernier point sur les coûts de production et l’emploi ?

L’inflation des matières premières alimentaires et des contenants, très forte en 2024, s’est tassée. La tension sur l’emploi diminue également. Ainsi, on perçoit qu’il y a un peu moins de tensions sur la quantité de profils disponibles, mais un besoin de formation persistant sur la qualité des jeunes recrues. C’est pourquoi nous nous engageons dans la Job Academy des traiteurs événementiels parisiens, pour promouvoir nos métiers, renforcer le lien avec les écoles et adapter les formations à la restauration événementielle. Il faut redorer cette filière, tout aussi noble que la restauration traditionnelle.

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