24 mars 2021
Temps de lecture : 4 min
Vous avez écrit récemment au Premier ministre pour lui faire partager les inquiétudes de la filière. Quelle analyse faites-vous de la situation actuelle ?
En effet, nous avons écrit au Premier ministre afin qu’il puisse nous recevoir, au même titre que les autres secteurs particulièrement impactés par la pandémie et ses conséquences. C’est plutôt un acte politique puisque nous sommes en permanence en lien avec le gouvernement et en particulier avec Bercy et le cabinet du ministre Alain Griset, en charge des Petites et Moyennes Entreprises. Nous suivons évidemment l’évolution des aides allouées au secteur, sachant que celles-ci permettent d’accompagner la filière même s’il demeure des trous dans la raquette, notamment en faveur des ETI qui sont souvent la clé de voûte de nos activités, comme par exemple les organisateurs d’événements. Mais le gouvernement a bien identifié notre secteur et les retombées économiques qu’il procure pour les territoires et d’autres filières économiques. Nous reconnaissons qu’il y a une volonté de faire repartir l’économie et de redonner vie à nos métiers.
On évoque la reprise de l’activité depuis des mois. Où en sommes-nous en termes de planning ? Comment avancez-vous avec le gouvernement ?
Nous n’avons toujours pas d’éléments quant à une éventuelle date de reprise, même si nous avons eu une réunion importante il y a 15 jours portant sur une reprise de l’activité en plusieurs phases. Reste que notre objectif n’est pas de faire des expérimentations mais d’avoir des congrès notamment médicaux qui se tiennent dans le cadre d’un protocole sanitaire validé et reconnu par l’administration. Des congrès qui se dérouleraient par exemple en juin et nous donneraient de la visibilité pour que nous puissions travailler à 100% de nos capacités début septembre.
Nous devrions avoir des informations précises de la part du gouvernement en avril/mai, pourtant notre inquiétude demeure au regard de l’évolution de la vaccination et du redémarrage de l’économie
Nous devrions avoir des informations précises de la part du gouvernement en avril/mai, pourtant notre inquiétude demeure au regard de l’évolution de la vaccination et du redémarrage de l’économie. Nous aimerions donc que les différentes étapes de validation des jauges et de la gestion des flux soient bien respectées.
Quels sont les filières les plus pénalisées par l’arrêt des rencontres professionnelles ? Quid des congrès médicaux et de la recherche ?
Vous imaginez bien que si les sociétés savantes de médecins et de chercheurs veulent se réunir, c’est en connaissance des tenants et aboutissants de la pandémie. Les gestes barrières, la gestion des flux, les contraintes sanitaires seront bien entendu respectés par cette typologie de participants. Cela nous permettra de montrer qu’il n’y a pas de danger à renouer avec les rencontres professionnelles. En dehors du secteur médical et scientifiques, toutes les filières sont pénalisées. Nous avons réalisé des sondages auprès des exposants et avons été très surpris de voir que tous avaient envie de renouer avec le présentiel le plus rapidement possible, et ce tous secteurs confondus. Ce qui ne veut pas dire que le digital ne trouvera plus sa place, au contraire. Il accompagnera les événements dans leur format phygital.
Etes-vous favorable au Pass sanitaire ?
Nous y sommes plutôt favorables dans la mesure où ce Pass sanitaire sera européen et validé par les pouvoirs publics. Ce ne doit pas être à nous d’en porter la responsabilité et de nous engager à la place du gouvernement. Il faut donc de la clarté sur sa mise en œuvre.
Etes-vous en lien avec vos homologues européens ? La situation est-elle plus lisible dans certains pays concernant le calendrier de reprise notamment ?
Oui, nous sommes en relation avec nos confrères italiens, belges et britanniques notamment. Comme ici, la situation chez eux évolue bien sûr beaucoup en fonction de la pandémie. On sent par exemple qu’en Espagne il y a une volonté plus forte de tenir des manifestations professionnelles. Mais comme nous, nos collègues européens se gardent bien de faire des prévisions tout en affichant une véritable volonté de relance.
Les Italiens et les Allemands reçoivent des aides qui sont fléchées pour la reprise de leur activité et faire face à la concurrence internationale
D’autre part, les Italiens et les Allemands reçoivent des aides qui sont fléchées pour la reprise de leur activité et faire face à la concurrence internationale. Nous souhaiterions d’ailleurs pouvoir bénéficier en France de cette aide spécifique, d’un fonds dédié à la relance économique alors que nous sommes à ce jour dans le régime commun d’aides publiques.
Le gouvernement met en place des vaccinodromes. UNIMEV a proposé de mettre à disposition des ERP pour pratiquer des vaccinations de masse. Quel écho a reçu votre proposition ?
Nous avons fait plusieurs fois des propositions pour mettre à disposition les infrastructures d’accueil de nos membres. Nous avons reçu peu de demandes pour l’instant concernant ces vaccinodromes, sachant qu’il s’agirait d’œuvrer conjointement avec l’Armée. Mais à date, nous n’avons pas eu de demandes officielles, à l’exception de quelques collectivités locales.
Y’a-t-il un risque à moyen terme sur l’organisation de grands événements tels que la Coupe de monde de rugby ou les JO ? Ou en termes d’accessibilité comme pour les JO de Tokyo ?
S’agissant des JO de Tokyo qui auront lieu cet été sans public étranger, c’est une mesure de prudence. Nous voyons bien dans le monde du sport que le présentiel n’est pas encore d’actualité. Les grandes manifestations internationales prévues en France en 2023 et 2024 se tiendront normalement puisque d’ici là nous aurons réglé le problème de la vaccination. Et surtout, il y a une attente très forte de la part du public. En termes d’expertises, il faut que l’on soit vigilants et qu’on ne perde pas nos savoir-faire qui sont internationalement reconnus.
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