15 mai 2025
Temps de lecture : 3 min
Les Trump Towers cultivent une image de prestige, de pouvoir et de luxe que d’aucuns qualifieraient de bling-bling. Mais au-delà de leur réputation, ces adresses sont-elles réellement des lieux de choix pour accueillir des réunions d’affaires, des conférences ou des événements professionnels ? Commençons par la plus iconique, la Trump Tower New York, l’immeuble phare de la marque situé sur la 5e Avenue. Si l’édifice incarne l’ADN de la Trump Organization, il ne dispose pas à proprement parler d’infrastructures ouvertes au public pour les événements professionnels. Les espaces de réunion y sont privés, réservés aux résidents ou à usage interne. La Trump Tower de New York est notamment un outil au service de Donald Trump – c’est ici qu’il s’est déclaré candidat à la présidence en 2016 – et du nouveau pouvoir. L’adresse reste donc plus symbolique que fonctionnelle dans le registre événementiel.
En revanche, d’autres établissements du groupe répondent davantage aux attentes des organisateurs d’événements. À Chicago, le Trump International Hotel & Tower propose plus de 2 400 m² d’espaces de réunion, dont une vaste ballroom avec vue sur la rivière qui traverse la mégapole. À Miami, le complexe Trump National Doral, véritable bastion de la marque, dispose quant à lui de plus de 9 200 m² d’espaces événementiels, avec son fameux golf “Blue Monster”, son spa et ses hébergements de luxe. Un resort particulièrement adapté pour l’accueil de séminaires & incentives, des team-buildings, des lancements de produits ou des soirées de gala.
À l’international, plusieurs établissements, comme à Turnberry (Écosse), Doonbeg (Irlande) ou aux Philippines, combinent hospitalité haut de gamme, golf de prestige (le golf de Turnberry accueillant 4 British Open) et espaces pour événements privés ou professionnels. Car la Trump Organization s’efforce d’implanter ses hôtels dans des zones à fort potentiel diplomatique, touristique et/ou économique, en misant sur la polyvalence des lieux. Désormais, ce sont les pays du golfe qui alimentent les visées immobilières de la Trump family, avec Donald Junior et Eric Trump aux manettes. Trump Hotels cible ainsi une clientèle à fort pouvoir d’achat, en quête de prestige, de discrétion et d’un service sur-mesure. Cette stratégie fonctionne sur certains marchés, aux États-Unis bien sûr, mais aussi au Moyen-Orient ou encore aux Philippines. En revanche, l’Europe continentale reste absente de cette carte, comme un symbole d’un désintérêt du clan Trump pour le Vieux Continent.
Au sein du portefeuille des Trump Hotels, l’organisation d’événements est pensée comme une offre complète avec infrastructure et gastronomie haut de gamme, vue spectaculaire et service personnalisé. Mariages, séminaires, retraites de dirigeants, conférences privées, etc., tout est fait pour séduire une clientèle exigeante et très souvent en quête de discrétion. Le segment MICE est un levier de rentabilité pour la Trump Organization, qui le positionne clairement dans son offre hôtelière. Le site internet de Trump Hotels met en avant des prestations dédiées aux réunions et aux célébrations, avec un soin particulier porté à la personnalisation. Dans un marché hôtelier post-COVID en recomposition, cette stratégie permet de diversifier les revenus au-delà du tourisme de loisirs. Mais ces lieux ne servent pas uniquement à faire du business. Ils ont aussi joué — et jouent parfois encore — un rôle dans la diplomatie informelle et le lobbying.
Durant le premier mandat de Donald Trump, plusieurs hôtels du groupe ont été le théâtre de réunions politiques, de collectes de fonds ou de rencontres d’affaires influentes. Le Trump International Hotel de Washington D.C., aujourd’hui fermé, a été durant quatre ans une adresse officieuse du pouvoir républicain, où se sont succédé lobbyistes, élus, diplomates et représentants d’intérêts. Des membres de gouvernements étrangers auraient séjourné ou organisé des événements dans des hôtels Trump, soulevant des interrogations sur de possibles conflits d’intérêts. Ce phénomène a renforcé l’image des établissements Trump comme des lieux où se croisent affaires, politique et influence, bien au-delà de leur simple fonction hôtelière. Un mélange entre intérêts privés et fonctions publiques qui a d’ailleurs été évoqué dans des procédures judiciaires concernant la violation potentielle des clauses de profits étrangers de la Constitution américaine (Emoluments Clause), comme le rappelle Reuters. Aujourd’hui encore, des établissements comme Doral ou Turnberry continuent d’attirer une clientèle mêlant pouvoir économique et réseaux politiques, renforçant leur rôle de hubs informels dans certaines sphères conservatrices.
Alors, les Trump Towers sont-elles des « best places » pour les Meetings & Events ? En termes d’infrastructure et d’expérience client, plusieurs établissements (Chicago, Miami-Doral, Écosse ou Irlande) rivalisent sans difficulté avec les meilleurs standards internationaux du secteur événementiel. Mais au-delà de leur fonction logistique, ces lieux sont indéniablement liés à la figure controversée du président US. Pas sûr que le marché émetteur français soit sensible à cette offre, qui plus est dans le contexte actuel où la tendance est à une chute des réservations touristiques ( environ 30%, selon notre confrère L’Echo Touristique) à destination des Etats-Unis.
Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, aucune Trump Tower n’existe aujourd’hui en Europe. Aucun projet formel n’a été lancé ou annoncé dans une capitale du continent, y compris à Paris, Londres ou Berlin. Cette absence peut s’expliquer par plusieurs facteurs, tels que des contraintes urbanistiques, la sensibilité politique à une marque Trump restant clivante, ou encore des choix plus stratégiques du groupe en quête de clientèle à très fort potentiel économique. Seules exceptions, les hôtels Trump d’Écosse et d’Irlande, mais il s’agit de resorts et non de « Trump Towers » au sens architectural du terme.
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